Amazon : l’empire contre-attaque ?

A l’heure où la riposte contre l’omnipuissance d’Amazon s’affûte (+ de 6 consommateurs sur 10 achètent sur cette plateforme), le géant américain annonce l’ouverture d’un nouvel entrepôt en région parisienne.
Coup de massue ou coup de grâce, Cofordis décrypte la situation.

Une nouvelle structure qui fait boum Amazon compte bien accroître son taux de 20% de ventes en France, et s’en donne les moyens.
Son nouvel espace de stockage de 152 000 m² a été inauguré le 22 octobre à Brétigny-sur-Orge. Et pas n’importe quel entrepôt : il est robotisé (4000 robots) et se révèle être le plus conséquent sur le territoire national.
Attaqué sur la robotisation grandissante de ces centres de distribution, Amazon précise que sur ce nouveau site, + de 1 000 CDI seront signés sur 3 ans.
Avec 650 000 colis/jour (et 1 produit sur 5 acheté par ce canal), Brétigny est le plus grand site de la marque. La robotisation permet une accélération de la préparation des commandes, les opérateurs restant à leur poste, d’où des livraisons plus rapides. Amazon envisage même des livraisons dans la journée, (étude en 2020), lorsque le site aura atteint sa pleine puissance.
Et quid de l’emploi face à ces robots ? Ronan Bolé – Directeur Générale Amazon France Logistique – précise que « les emplois se transforment mais ne disparaissent pas ».

Une offensive mondiale

La suprématie d’Amazon attise la grogne de ses concurrents, et ils entendent le faire savoir !
Walmart, Target, Macy’s aux Etats-Unis, Jumia en Afrique, Shopee en Asie, MercadoLibre en Amérique du Sud, et bien sûr Alibaba comptent bien freiner Amazon dans sa position de leader du e-commerce.
Et tous les moyens sont bons : livraisons illimitées sur abonnement moins cher que celui d’Amazon Prime (mais avec moins de services, type Netflix inclus), rachat de société spécialiste de la livraison quotidienne, gratuite dans la journée conditionnée à un montant minimum de commande…
Mais Amazon doit aussi faire face à la croissance de Google Shopping qui propose des articles d’environ 30 grands distributeurs comme Fnac, Carrefour, Auchan, Boulanger, Kaporal, Banana Moon …

Son astuce pour détrôner son concurrent direct : un commissionnement des vendeurs de 6 à 15% … moindre que ce que verse Amazon.
Sa force : un nombre de données énorme permettant ainsi de mieux cibler les offres.

Autre exemple pour contrecarrer Amazon, celui de Décathlon, qui a racheté Alltricks, leader de la vente en ligne de produits pour cyclistes. Double impact pour l’enseigne : une position renforcée sur le marché du vélo et sur le e-commerce.

Bonne ou mauvaise stratégie ?

Là est la question ! Si effectivement attaquer Amazon sur le e-commerce peut sembler logique, il ne faut pas oublier que le mastodonte américain capte la moitié de ses bénéfices grâce au cloud, via AWS (Amazon Web Services) !
L’idée : rentabiliser les très gros investissements informatiques liés au développement du e-commerce, en louant ses capacités technologiques.
Résultats : 80% des entreprises du CAC 40 utilisent AWS.
L’intérêt : explication par Stephan Hadinger – Directeur Technologique France d’AWS – « Vous payez pour ce qui est stocké, et que vous ne l’utilisez plus, vous ne payez plus. »
La SNCF, par exemple, se sert d’AWS pour supporter les pics de connexions lors des départs en vacances.

Et l’autre moitié des bénéfices d’Amazon ; d’où viennent-ils ? Toujours pas du e-commerce, mais des publicités ciblées faites par les marques sur sa plateforme !
Sa market place réalise 60% des ventes, avec le gros avantage de proposer aux marques d’assurer le stockage et l’envoi de leurs produits.
Selon Les Echos, « les vendeurs paient environ 15% de commissions à Amazon, à quoi il faut ajouter entre 10 et 20% pour le stockage dans les entrepôts et la logistique des produits en fonction de leur taille, puis éventuellement des frais de publicité. Au total, Amazon prélève entre 25 et 50% pour ce service. L’an dernier, le total des commissions collectées par Amazon auprès des vendeurs a atteint 42 milliards de dollars, pour des coûts très faibles. »
Il est bon de souligner que si Amazon est de plus en plus bénéficiaire c’est surtout grâce à son activité aux Etats-Unis, car elle perd de l’argent ailleurs, (certes moins qu’avant 90 millions de dollars aujourd’hui contre 622 millions l’année dernière), à cause d’un nombre d’utilisateurs trop faibles par rapport aux coûts de distribution.

Alors, Amazon incarne-t-il vraiment les nouveaux axes de développement du commerce ? Au vu de ces informations, il faut peut-être réviser son jugement …

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