Amazon lance son offensive sur l’alimentation

Le géant américain domine depuis longtemps le e-commerce, et s’est même diversifié en créant des points de vente physiques. Désormais, Amazon s’engouffre dans une nouvelle stratégie se basant sur l’alimentation.

Amazon à l’attaque de l’alimentaire

Déjà en 2017, Amazon, en rachetant Whole Foods à grand renfort de milliards de dollars, avait mis un pied dans le secteur de l’alimentation. Parce qu’il voit grand ou parce qu’il est visionnaire, le pure player américain lance une nouvelle chaîne d’épiceries. Dès 2020, la 1ere épicerie (dont on ne connaît pas encore le nom) ouvrira ses portes à Los Angeles. Sans expliquer en quoi, ce magasin sera différent et quels seront les produits vendus, Amazon affirme qu’il s’agit là, d’un concept novateur n’ayant rien à voir avec Amazon Go, Amazon 4-Star ou Whole Foods.  

Toujours plus de clients

Soyons clairs : si Amazon a créé cette nouvelle chaîne de magasins, c’est bien évidemment pour attirer de nouveaux clients, mais également pour fidéliser sa clientèle ; multiplier les magasins physiques est un moyen d’y parvenir.
Outre l’ouverture de ses propres magasins, Amazon envisage également de s’appuyer sur des chaînes de distribution régionales en les rachetant (source : Wall Street Journal).
Et où circule un maximum de clients ? Dans les centres commerciaux !
Amazon est donc en pourparlers avec des centres commerciaux à Philadelphie, San Francisco, Chicago, Washington DC et Seattle.

Amazon serait-il son propre ennemi ?

Cela peut paraître étonnant, mais il semblerait que le développement fulgurant du e-commerce généré par Amazon, ne lui ait pas fait que du bien.
David Bujnicki – Responsable des relations investisseurs chez Kimco Realty Corp (propriétaires de 437 centres commerciaux aux Etats-Unis) – livre son point de vue : « nous ne sommes pas surpris par la direction prise par Amazon. Amazon est lent mais déterminé dans sa stratégie visant à développer des enseignes physiques en parallèle à son activité historique de distribution en ligne. Cette nouvelle offensive souligne la nécessité de conserver des magasins physiques, une activité mise à mal par l’essor de ce même Amazon dans le e-commerce. Â»

Des magasins avec de véritables caisses physiques

Amazon avait fait sensation en lançant Amazon Go, ses magasins sans caisse. C’était le 1er retailer occidental à oser ce type de fonctionnement.
Avec recul, il semble que là encore, que le côté avant-gardiste d’Amazon ne lui ait pas souri.

Avec ses magasins sans caisses, Amazon est accusée de discrimination. En effet, aux Etats-Unis, 6,5% des ménages n’ont pas de compte bancaire. Ces personnes plus celles ne possédant pas de Smartphone, ne peuvent donc pas faire leurs courses chez Amazon Go. Des états comme le Massachussetts, le New Jersey, ou la ville de Philadelphie, exigent qu’il soit possible de payer en cash dans les magasins. San Francisco et New York City pensent à prendre la même décision.
Dans le nouveau magasin Amazon Go de New York, il sera possible de payer en cash, et par conséquent, il y aura bien une caisse, mais pas dans le modèle classique que nous connaissons. Un employé scannera les articles via un appareil mobile, et le client ira payer en espèces, à un guichet où il obtiendra un reçu de paiement.
Les nouvelles épiceries d’Amazon auront quant à elles, des caisses traditionnelles.

Rétropédalage obligé ou réelle volonté d’attirer des clients peu enclins à la haute technologie, le fait est qu’Amazon amorce un virage important en se positionnant sur le marché de l’alimentaire et avec des caisses traditionnelles. Et qui dit alimentaire, dit proximité avec le client ; les besoins alimentaires étant des besoins quotidiens.
Les pure players veulent capter l’ensemble des consommateurs, ceux qui achètent sur le net et ceux qui vont en magasin. L’interrogation est donc la suivante : en élargissant leurs champs d’actions, Amazon et les autres ne vont-ils pas canaliser les consommateurs pour faire en sorte qu’ils n’achètent que par leurs canaux de distribution ?
Si c’est le cas, les « petits Â» commerçants deviendront isolés ; et eux comme leurs fournisseurs n’auront plus d’autres choix que d’être visibles via les marketplace des pure players pour continuer à vendre… Mais à quel prix ?