Mais que fait Carrefour !!!
Après s’être essayé, sans succès, sur le commerce en ligne,
Carrefour vise maintenant la livraison de repas.
Stratégie réfléchie ? Effet d’annonce pour les actionnaires ?
Le fait est que Carrefour est désormais présent dans le domaine des repas
livrés au bureau. Soit …
Cofordis s’est penché sur le sujet.
Histoire …
En 2015, Carrefour fait le buzz en rachetant « Rue du
Commerce » … pour arrêter en novembre dernier.
Manque de rentabilité, démarrage tardif, offre non concurrentielle face aux
mastodontes de l’e-commerce international tels qu’Amazon et Alibaba (Rue du
Commerce est franco-française), le résultat est que Carrefour n’a pas fait sa
place sur le secteur du commerce en ligne.
En mars 2018, Carrefour devient actionnaire majoritaire du capital de Quitoque
(livraison de panier-repas prêts à être cuisinés, à domicile).
Dejbox dans le giron du groupe Carrefour
Actionnaire majoritaire à 60% de Dejbox, Carrefour a donc
pris le contrôle de cette start-up depuis le 6 janvier 2020. Son crédo :
des repas livrés au bureau dans 5 grandes agglomérations Bordeaux, Nantes,
Grenoble, Lille et Lyon, ainsi que dans des centaines d’autres communes en
périphérie.
Créé en 2015, Dejbox affiche un CA de + de 10 millions d’euros en 2018, et vise
les 20 millions pour 2019, le tout pour une livraison de + de 400 000
repas par mois.
Si Carrefour a été séduit par cette plateforme, c’est parce que les plats sont
préparés par des restaurants et des traiteurs partenaires, mais aussi parce
qu’elle emploie 140 « préparateurs livreurs salariés ». Pas
d’auto-entrepreneurs.
Objectif : être le leader de l’e-commerce alimentaire
Selon Amélie Oudéa-Castera – Directrice du digital et de
l’e-commerce Carrefour, « cette
acquisition, qui reflète la volonté de Carrefour de devenir le leader de
l’e-commerce alimentaire, est stratégique. Elle va nous permettre d’investir
dans le segment en forte croissance de la livraison de repas avec une offre
axée sur la qualité et accessible à tous. »
Les acquisitions de Quitoque puis de Dejbox s’inscrivent dans le Plan Carrefour
2022 annoncé début 2018 par Alexandre Bompard – PDG de Carrefour, plan de
relance visant à diversifier l’offre de l’enseigne sur le e-commerce
alimentaire. L’objectif : 5 milliards d’euros de CA dans le e-commerce
alimentaire d’ici 2022. Pour info, le CA de ce secteur pour 2017 est d’à peu
près 850 millions.
L’avis d’un expert
Philippe Goetzmann, spécialiste de la grande distribution, voit dans cette démarche, une obligation plutôt qu’un choix : « Carrefour pourrait utiliser ses magasins comme des centres de production. Il augmenterait son volume de clients potentiels avec les entreprises autour des super et hypermarchés. »
Le nombre de repas pris hors du domicile augmente : + 5,8% en 2018. Cela signifie une perte pour la grande distri qui est (était ?) le fournisseur principal de produits pour cuisiner.
« Les distributeurs n’ont pas d’autres choix que de s’orienter vers le métier de traiteur » conclue Philippe Goetzmann.
A Paris, dans le 2ème arrondissement, Franprix a créé une cuisine dans le magasin, permettant aux clients de cuisiner les produits achetés dans l’enseigne.
Carrefour, comme Auchan, teste depuis plus d’une dizaine d’années, la préparation de plats sur place et vendus dans leurs magasins. Trouver de la place pour créer des centres de productions ne serait pas un problème ; les réserves des hypermarchés ne sont généralement pas occupées à 100%. Si les dirigeants de Carrefour semblent sûrs de leur stratégie, quelques questions subsistent.
Comme pour Rue du Commerce, Carrefour n’arrive-t-il pas « après la bataille » ? Deliveroo vient d’accroître sa puissance en rachetant la majorité de Woowa (son concurrent sud-coréen) pour 3,6 milliards d’euros.
La stratégie de Carrefour est de livrer des repas dans les bureaux des grandes agglomérations : n’y-a-t-il pas de TPE/PME ailleurs que dans ces villes … où Deliveroo et Uber Eat ont déjà fait leur place depuis longtemps avec un choix de restauration très vaste ?
Il semble tout de même curieux qu’une telle enseigne dotée d’un tel historique, ne soit pas plus innovante pour s’en sortir.
De là à imaginer que Carrefour fasse machine arrière dans 4 ans, il n’y a qu’un pas …